Login

Rencontre Le passeur du Lauragais d’antan

Sébastien Saffon retranscritles carnetsde son grand-père métayer surun blog. D’abord pour l’histoire,mais aussipour l’émotionqu’il suscitelors de rencontres...

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

«Vendredi 18 décembre 1959 : bourrasques de pluie, avons soigné les pommes de terre », a écrit émile, métayer en Lauragais (1), sur son carnet. Aujourd’hui, Sébastien Saffon, son petit-fils, retranscrit le journal de son aïeul sur son blog www.lescarnetsdemile.fr. « Depuis plus de trois ans, je poste quotidiennement les écrits très factuels de mon grand-père maternel. À partir de 1955, il consignait chaque soir la météo, les travaux réalisés sur les 38 hectares de céréales et de fourrages, ainsi que les évènements de la vie privée (fête du village, visite du docteur pour la grand-mère qui cohabitait…). »

Causeries sur la vie paysanne

Ce paysan élevait, pour l’autoconsommation et la vente, quatre à cinq vaches, autant de cochons, deux cents  lapins et deux cent cinquante volailles. Ses carnets dormaient depuis son décès, en 2002, alors qu’ils représentent une « véritable richesse » pour Sébastien Saffon, titulaire d’une maîtrise d’histoire et conseiller pédagogique. Pour rendre hommage à son « papi » mais aussi à « toutes les personnes qui ont connu la dureté de cette époque », il décide d’exhumer cet héritage. « Je suis passionné par la vie paysanne des années 1950, marquée par l’explosion des progrès mécaniques et chimiques. » Au sein de la ferme gérée par émile, par exemple, le nombre de bœufs est passé de six à deux à l’arrivée du tracteur en 1957.

Porté au départ par l’angle historique, le blogueur a rapidement été bouleversé par les rencontres qu’il a faites. Sollicité par des associations et mairies de la région, il a animé une dizaine de causeries sur la vie de son grand-père. « Les gens sont heureux d’entendre parler d’un temps qu’ils ont connu. » Et l’émotion est palpable quand sa grand-mère Paulette, 90 ans, l’épouse dudit aïeul, est présente dans la salle. Une fois, un homme de 85 ans l’interpelle : « Avant de commencer ma journée, je lis sur mon ordinateur ce que faisait émile il y a soixante ans. »

« Ces témoignages donnent du sens à mon action et font vivre notre histoire », confie, ému, le petit-fils qui, pour combler ce public pas forcément connecté, termine l’écriture d’un livre et cherche un éditeur. « En passant des carnets au blog, puis du blog au livre, la boucle sera bouclée. »

Florence Mélix

(1) Au croisement de la Haute-Garonne, de l’Aude, de l’Ariège et du Tarn.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement